Napoléon-Alexandre Labrie

Eudiste, né à Godbout le 5 août 1893 et mort à Québec le 16 mai 1973, Napoléon Alexandre Labrie est l'évêque-fondateur du diocèse catholique de Baie-Comeau entre 1945 et 1956.

Cet homme était un écologiste avant l'heure. Et un visionnaire. En plus d'être un exemple dans sa façon de remplir son ministère, il a toujours montré pour les gloires de ce monde le dédain discret de celui qui n'a pas le souci de rentabiliser ses attitudes. - Gilles Vigneault

Un être d'exception et un défenseur des travailleurs de la Côte-Nord

Cette vidéo illustre les positions courageuses prises par Mgr Labrie sur les «orientations commerciales des grandes industries opérant sur la Côte-Nord. Il les accusa de manquer de psychologie, dénonça la création de villes fermées et critiqua le trop petit nombre d’ingénieurs forestiers adéquatement formés».

Nous reproduisons, grâce à la généreuse contribution du Groupe PVP, des extraits de l'excellent reportage sur la contribution exceptionnelle des Eudistes aux établissements de la Côte-Nord du Québec.

L’industriel fondateur qui s’attable pour juger son entreprise d’après ses revenus annuels fait preuve de bien courtes vues. Il assure la vie de son industrie, mais il compromet sa survie parce qu’il ne l’appuie pas sur le capital humain, qui est un capital spirituel et social, un capital qu’il faut façonner cent ans à l’avance.

N.-A. Labrie, Lettre sur la forêt. 1948

Gilles Vigneault et Mgr Labrie

Texte paru dans l'Église de Baie-Comeau, en supplément à l'Église canadienne, le 3 juin 1993.
Lu par Daniel Le Saunier

Écoutez et lisez le témoignage de notre grand poête.

«Gilles, je ne t’ai jamais demandé de devenir prêtre! lui aurait dit un jour Mgr Labrie. Mais tu as une responsabilité, mon garçon. Fais quelque chose de ta vie!»

Photo: La Presse, 21 mars 2020


Un fils de la Côte

Petite biographie de Napoléon-Alexandre Labrie
Source: Les mémoires d'un pionnier édité par Pierre Frenette et la Société historique de la Côte-Nord

5 août 1893

Né à Godbout, 13e des 14 enfants d'Alfred Labrie et de Victoria Gagné

Napoléon-Alexandre est le fils d'Alfred Labrie.  Ce dernier fut sauvé en 1884 d'une mort certaine sur le fleuve lors d'une chasse d'hiver par son beau-frère Napoléon-Alexandre Comeau surnommé le Roi de la Côte-Nord. Démontrant de fortes capacités, et grâce au support de son père, du curé et des religieuses, il est le seul de sa famille à poursuivre des études. 

1907-1915

Études de Godbout en passant par Church Point et jusqu'à Rome.  Il choisit la communauté des Eudistes et accède à la prêtrise.

Il étudie à Godbout, à Saint-Eugène de Manicouagan (1905-1907), à Pentecôte (1907-1909), au Collège Sainte-Anne, Pointe-de-l'Église, N.-E. (1909-1915).  Il entre en probation chez les Eudistes le 8 septembre 1915 à la Maison du Bienheureux Jean Eudes à Bathurst.  Il poursuit des études théologiques à l'Université Grégorienne à Rome (1918-1922).  

Il est Incorporé à la Congrégation de Jésus et Marie le 8 février 1919 et ordonné prêtre à la Basilique St-Jean de Latran, à Rome, le 15 avril 1922, par Mgr Pamphili.

1922

Ordonné prêtre à la Basilique St-Jean de Latran à Rome par Mgr Pamphili

Napoleon-Alexandre Labrie est incorporé à la Congrégation de Jésus et Marie le 8 février 1919 et ordonné prêtre à la Basilique St-Jean de Latran, à Rome, le 15 avril 1922, par Mgr Pamphili.

«Ma première messe à Godbout fut solennellement célébrée le 13 août.  On était venu de tous les villages de la Côte et, à cause de l'affluence, elle eut lieu sur un autel dressé sur le portique de la petite église.  Monseigneur Leventoux, le Père LeStrat, et plusieurs autres Pères Eudistes étaient présents.»

1923-1929

Missionnaire auprès des Innus à Pessamit et dans d'autres communautés de la Côte-Nord

Il réalise alors un rêve de jeunesse, celui de consacrer ma vie aux indiens de l'intérieur du pays et du Labrador. Le Père Lebrun, son supérieur, ajoute aussi la responsabilité au jeune prêtre de curé du village et de toutes les familles installées sur le littoral. La douceur et l'intelligence de Père Labrie vont vite conquérir les Innus. Il participe à Pessamit à la construction de l'école primaire et transforme l'ancienne école en hôpital.

Nouveau curé de Point-aux-Outardes, il s'engage par la suite à construire une église et des écoles, engager des institutrices et gérer l'aflut de migrants économiques en période de crise économique. 

1938-1945

Vicaire apostolique du Golfe Saint-Laurent

Le Père Labrie succède en 1937 à Mgr Leventoux comme leader religieux de la Côte-Nord.

«En tant que vicariat apostolique du Golfe Saint-Laurent, la Côte Nord commence à la Rivière Portneuf pour se terminer à Blanc-Sablon, une distance de 709 milles. C'est mon domaine spirituel, auquel il faut ajouter Anticosti... !»

Le hasard a voulu que son premier geste d'évêque, avant même son intronisation officielle, soit la bénédiction de la nouvelle usine de Baie-Comeau à la fin juin 1938, un événement qui allait affecter autant la région que la suite de sa propre carrière.

L'évêque devient un fervent défenseur du mouvement coopératif et en particulier des Caisses populaires. Il rêve à une coopérative d'électricité en Minganie. Sa vision du développement régional s'enrichit. Il faut des prêtres et des professionels: un trentaine de jeunes nord-côtiers sont envoyés étudier à l'extérieur et l'évêque en finance plusieurs.

1945-1952

Évêque du Golfe Saint-Laurent

Napoléon-Alexandre Labrie devient évêque du diocèse du Golfe Saint-Laurent, lors de sa fondation, le 24 novembre 1945.

L'année suivante, il déménage le siège épiscopal de Havre-Saint-Pierre à Baie-Comeau et il participe à la fondation de la ville de Hauterive, en compagnie d'un groupe de citoyens, le 17 avril 1948.

En 1948 Mgr Labrie décide d'installer ses futures institutions diocésaines de santé et d’éducation à l’ouest de Baie-Comeau et de fonder une nouvelle ville, Hauterive, pour y créer un collège classique, aujourd’hui le CEGEP de Baie-Comeau, des écoles primaires et secondaires, une École normale pour la formation des enseignantes, son évêché et le premier hôpital régional ouvert à tout le monde, aujourd’hui le Centre hospitalier régional de Baie-Comeau. Il permet ainsi à des milliers de familles de s’installer en toute confiance dans la région Manicouagan et d’y trouver tous les services nécessaires au développement humain.

Au cours de son épiscopat, il signe trois lettres pastorales intitulées La Forêt (1948), La Côte-Nord et l'industrie sidérurgique (1949) et La forêt et le problème social dans le comté de Saguenay (1950).

1957-1968

Directeur national de la Propagation de la foi

Après avoir démissionné en 1956 pour des raisons personnelles, il se consacra avec autant d’ardeur à l'oeuvre de la Propagation de la Foi comme président national de la section française pendant dix ans.

16 mai 1973

Décès à l'Hôtel-Dieu de Québec

L'amour sincère qu’il a toujours éprouvé pour ses compatriotes a été reconnu de façon éclatante à l'occasion de la célébration de son 50e anniversaire de sacerdoce, alors que toute une délégation venait le surprendre dans sa retraire à Charlesbourg, chez ses confrères eudistes. où il était retiré depuis 1967. En mars de cette année, la Société nationale des Québécois de la Côte-Nord lui décernait son premier prix qu’elle veut attribuer à une personnalité de la Côte-Nord pour le travail éminent accompli au développement de cette région dans son ensemble et de sa population. (La Presse, 18 mai 1973)

Les restes de Mgr Labrie ont été transférés du cimetière des Eudistes de Charlesbourg au cimetière Saint-Joseph de Manicouagan à l'occasion du centième anniversaire de l'arrivée des Eudistes sur la Côte-Nord, en 2003.

Mgr Labrie construit des écoles et promeut l'enseignement supérieur pour les garçons et les filles de la Côte-Nord

Éducation des garçons et des filles

Mgr Labrie a donné à l'éducation sa priorité.
Sous son épiscopat, les constructions d'écoles et d'écoles normales se multiplient autant pour les garçons que pour les filles.

Les Soeurs de la Charité à Havre-Saint-Pierre et les Soeurs de Sainte-Croix à Baie-Comeau mettent l'épaule à la roue.

Photo: Classe de garçons, 1920-1930, Havre-Saint-Pierre (BAnQ de Sept-Iles)

Éducation supérieure

L’éducation supérieure des jeunes nord-côtiers lui tient à cœur et il l’encourage: Nous voulons que vos enfants montent à l’autel, discutent de loi, exercent la médecine et la chirurgie, construisent des monuments de génie, mettent en opération des industries et des commerces, enfin nous voulons que, le front haut, ils prennent place au soleil. Ce fut le but de toute notre vie.

Photo: Étudiantes finissantes de l'école Normale Saint-Joseph de Havre-Saint-Pierre en 1943
(BAnQ de Sept-Iles)


Avec l'aide de Mgr Bélanger il fonde la Collège Classique de Hauterive qui sera accessible aux garçons en 1958 et aux filles à partir de 1961.  
Photo: Jean-Marie Cossette, BAnQ Montréal

Mgr Labrie développe des services de santé pour les travailleurs de la Côte-Nord

L’histoire du développement du Grand Baie-Comeau est parsemée de coups d’audace accomplis par des hommes et des femmes déterminés qui ont su faire avancer les choses pour le plus grand bien de leur communauté. C’est le cas pour Napoléon-Alexandre Labrie, natif de Godbout, né en 1893, 13e enfant d’une famille de 14, qui plus tard va réussir à rassembler les ressources nécessaires pour offrir à ses concitoyens de la Côte-Nord le premier hôpital régional véritablement accessible à tous.

- Daniel Le Saunier

Les fondatrices de l'hôpital

Madame Madeleine Morel, une des premières femmes avec son mari, Léo Tremblay, à s’être installée à Hauterive écrira dans son journal:

Six religieuses hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal arrivent pour fonder un Hôtel-Dieu à Hauterive...elles sont six et c’est peine perdue d’essayer d’en trouver une plus fine que l’autre, elles le sont toutes également. Elles sont tout sourire et, si leur cœur est encore lourd d’avoir laissé leur grande famille pour se donner à nous, il n’y paraît rien.

Mgr. Labrie note qu’à aucun autre moment, la confiance avait gonflé tous les cœurs avec autant de chaleur.

Mgr Labrie force le destin

Le gouvernement Duplessis tarde à octroyer la subvention nécessaire à la construction de l’hôpital souhaité par l’évêque, en rappelant qu'il ne peut subventionner l'hôpital d'une ville qui n'existe pas encore...

Il faudra attendre.

Qu’à cela ne tienne, Mgr Labrie décide, en 1949, de forcer le destin... et d'installer temporairement le futur hôpital dans son propre évêché, premier grand bâtiment de la nouvelle ville de Hauterive.

Les premières graduées

Quelques années plus tard, les autorités du jeune hôpital seront fières de fêter la promotion des onze premières graduées de l'École des garde-malades auxiliaires de l'Hôtel-Dieu de Hauterive et c’est une moyenne de 1 000 naissances par année qui y seront enregistrées dans le courant des années 60.

L’hôpital de l’évêque n’était pas une lubie. Son initiative a permis à des milliers de citoyens de s’installer dans la Manicouagan avec l’assurance de bénéficier d’un service de santé essentiel.

Nous tenons à remercier les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph pour la permission donnée de publier les quatre photos de cette section.

Écoutez le récit lu par Mme Madeleine Ross en cliquant sur le bouton sous ce texte.

Des religieuses engagées

Plus tard les religieuses, fidèles à leur engagement, iront jusqu’à emprunter un million de dollars pour compléter le financement des travaux de l’Hôtel-Dieu de Hauterive.

À la cérémonie d’ouverture des travaux en août 54, Mgr Labrie, fidèle à la tradition, insèrera dans la pierre angulaire des médailles, des sous, des journaux et... des reliques de Jeanne Mance, celle-là même qui fondait l'Hôtel-Dieu de Montréal, 310 ans plus tôt.  


APREÇU DE L'ORIGINAL

  Centre hospitalier régional de
Baie-Comeau.








Au Cœur de Notre Histoire:

Par Pierre Frenette de la Société historique de la Côte-Nord

Cliquez sur la feuille pour consulter le document original


Source: Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph

Nous le répétons, si vous voulez trouver la prospérité, et le libre exercice de votre intelligence et de votre volonté, soyez les propres artisans de votre bonheur.

N.-A. Labrie, Lettre sur la forêt. 1948

APREÇU DE L'ORIGINAL

Chroniques du diocèse du Golfe Saint-Laurent

«Cette chronique n'a pas été écrite en vue d'une publication.  Elle est simplement un document qui pourra servir aux historiens de l'avenir...»
-N.-A. Labrie

Cliquez pour ouvrir la version à la machine à écrire.


«Napoléon-Alexandre Labrie, qui a été un personnage immense sur la Côte-Nord, décrit avec beaucoup de détails le milieu qui l'a formé (Godbout et Manicouagan) et, à partir de 1923, son ministère à Betsiamites, Pointe-aux-Outardes (1929) et Baie-Rouge au Labrador (1931). C'est une mine de renseignements moins sur l'auteur lui-même (peu narcissique) que sur la population et les institutions auxquelles il est.lié. La description qu'il fait de son travail auprès des Amérindiens et des Blancs nous éclaire beaucoup sur ces pionniers qui, loin d'être des potentats, étaient corps et âme au service de leur population. Ce docteur en théologie ne craignait pas de faire des dizaines de kilomètres, dans les pires conditions, pour aller administrer l'extrême-onction, comme il pouvait utiliser à bon escient ses connaissances en électricité et en mécanique.

La chronique du diocèse de 1938 à 1956 regorge elle aussi de renseignements très riches sur le développement de la Côte-Nord. Le ton est moins personnel, mais Mgr Labrie ne se prive pas de relater tout ce qu'il a dû faire - même les instances auprès de Duplessis, qui le savait plutôt libéral - pour défendre et faire progresser sa région.»

Source: Voisine Nive, Deux évêques se racontent...

Mgr Labrie avait le pied marin

Mgr Labrie parle abondamment dans ses mémoires de son passage à Bersimis, des personnes qu'il a rencontrées, de la chasse, de l'agriculture et de l'exploitation de la forêt. En voici quelques extraits.

Mgr Labrie - quelques souvenirs

Tiré des archives des Eudistes.  Les vidéos amateurs sont un collage de différentes scènes, soient prises par Mgr Labrie, ou à l'occasion d'une cérémonie religieuse. 

Le Père Jean-Marie Beauchemin, eudiste, qui a oeuvré sur la Côte-Nord pendant plus de 60 ans, raconte deux anecdotes qu'il a vécues avec Mgr Labrie en 1955 qui illustre bien l'humilité et la simplicité du grand homme.


Évêché de Hauterive - Construction et pose de la pierre angulaire

Source: Archive des Edistes
Édité par: Daniel Le Saunier

75e anniversaire de l'église Sainte-Amélie de Baie-Comeau

Du 14 au 17 mai 2015.
Produit par Renaud Côté, c.j.m.

Hymne du centenaire de l'arrivée des Eudistes
Paroles: N.-A. Labrie
Musique: Luc Perron et Vincent Brauer
Arrangements: Geneviève Simard
Accompagnatrice: Violette Simard
Soliste: Luc Perron

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Jean-Pierre Deshaies, associé eudiste et webmaster

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